De l'art d'être un chevalier moderne (sans armure et sans arme)
Comme à chaque fois que je vais chez le coiffeur, j’ai le secret espoir de ressortir avec une « coupe phoenix », c’est à dire une coupe qui me fasse renaître de mes cendres : une coupe qui me laisse naturelle tout en me sublimant, une coupe qui me corresponde parfaitement tout en me changeant, bref ma coupe, ZE coupe, celle qui fait que tout le monde te regarde soudainement avec un œil neuf en pensant secrètement « mais pourquoi n’ai-je pas remarqué plus tôt combien Nobodd est une merveilleuse personne, non seulement physiquement sublime à regarder mais en plus incroyablement drôle, subtilement intelligente et gravement sexy ».
Mais il faut croire que la coupe phoenix est un Graal moderne, une quête de l’absolue qu’il me faudra caresser uniquement de l’esprit et jamais avec mon peigne…
C’est pas raté, mais c’est pas révolutionnaire non plus. Un long dégradé avec une mèche effilée à l’avant. Mon ancienne coupe en un peu plus funky. Mais on est loin de l’effet papillon attendu : personne ne s’est évanoui sur mon passage quand je suis sortie du salon et aucun cri d’hystérie n’a retenti dans les magasins où j’ai passé l’aprèm. En gros, la seule personne qui a eu l’air un peu étonné, c’est moi, chaque fois que je captais mon reflet un peu changé dans une glace.
Mais ce n’est pas une raison pour abandonner ma quête. On le sait que le Graal a pour principal obstacle l’impatiente fougue de la jeunesse, alors je vais persévérer. Et je l’attendrai, cette coupe divine que je mérite.
[pas de chute]